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Carrière

Les photos incluses dans cette page ne montrent qu'une toute petite partie de ce que j'ai fait ou vécu durant ma carrière dans un contexte d'exploration et d'exploitation minière. Indirectement, cette expérience m'a fortement inspiré lorsque j'ai écrit et illustré ma BD. Comme vous verrez, j'ai travaillé comme intégrateur de systèmes avec des technologies inhabituelles, dans des lieux peu communs.

Ma première mission

J'ai réussi à décrocher un emploi pour l'été 1966, avant la remise de mon diplôme universitaire de mai 1967, comme technicien en instrumentations géophysique et comme intégrateur d'équipement d'exploration. C'était un emploi qui fait rêver plusieurs étudiants universitaires, même à cette époque. Comme je l'ai déjà mentionné (voir L'oeuvre->Inspiration), je suis un passionné de technologies et je suis très habile avec eux.

Ma première mission comme intégrateur a été de coordonner l'installation de divers instruments à bord d'un avion monomoteur pour en faire un avion-prospecteur pour l'uranium. Ces instruments étaient un altimètre de précision U.H.F. et un scintillomètre qui seront tous les deux connectés à un enregistreur sur papier. Un scintillomètre, c'est un appareil qui mesure le niveau de radioactivité gamma environnante. Je vérifie le fonctionnement dans son ensemble en testant le tout dans l'avion en vol au-dessus de boisés environnants où j'étais à bord comme opérateur de ces instruments. En passant au-dessus de régions connues comme étant légèrement radioactives, à diverses altitudes, j'obtenais des données concordantes. C'était une tâche qui m'a semblé si simple, presque triviale, un jeu d'enfant. GROSSE ERREUR de débutant.

Le lendemain, l'avion prospecteur s'envolait vers les Monts Otish, dans le nord du Québec. Quatre jours plus tard, je recevais la visite de mon patron qui n'était visiblement pas content. L'altimètre U.H.F. était instable. "Comment?" dis-je. Durant mes tests, les données d'altimètre U.H.F. concordaient aux données d'altimètre à pression atmosphérique du pilote, durant tout mon vol d'essai, du décollage à l'atterrissage. J'en étais abasourdi.

Il fallait d'urgence régler ce problème; il y avait une équipe de 12 hommes, là-bas, qui attendaient. J'ai dû amener presque tous les instruments et outils de mon atelier (il y avait un groupe électrogène à essence au campement), un autre altimètre avec son antenne U.H.F. et tous les câbles requis et même de la quincaillerie afin de diagnostiquer puis régler cet étrange problème. J'ai embarqué le tout dans un autre avion monomoteur pouvant amerrir près de ce campement nordique situé au bord d'un lac. En passant, ce voyage n'a pas été de tout repos. J'amenais, aussi, un émetteur récepteur afin que les prospecteurs puissent communiquer directement avec le bureau des patrons et aussi avec leurs familles. C'est là que j'ai eu mon baptême de la vie de campement de prospecteurs. Rendu là, j'étais reçu amicalement, mais avec un scepticisme compréhensible; j'étais si humilié de ne pas avoir été à la hauteur de leurs attentes. L'avion qui m'a amené à ce camp a quitté ce lieu, dès le lendemain matin.

Peu après, je monte à bord de l'avion prospecteur et je vérifie les instruments, en vol; tout fonctionne comme prévu. De retour au campement, j'indique que tout semble fonctionner. On était prêt à reprendre les vols de prospection. L'avion n'a fait qu'une demi-heure de vol; en le voyant arriver, je tremblais dans mes culottes, car évidemment, ça n'a pas fonctionné.

En débarquant l'avion, l'opérateur a certainement vu mon expression de stupeur et d'inquiétude. Il m'a seulement dit: "le pilote t'amènera où je suis allé et tu verras le problème". Cet avion m'amène vers des régions plus montagneuses et nous suivons la courbe de ces montagnes à seulement 100 mètres d'altitude. En gravissant la montagne, l'avion se met à vibrer énergiquement et à faire des sauts soudains de 5 à 10 mètres à cause des turbulences. Je n'ai jamais eu une telle expérience, moi qui ai peur d'aller sur les montagnes russes d'un parc d'attractions. C'est là que j'ai vu l'altimètre paniquer autant que moi durant les montées. Nous sommes retournés au campement, et j'ai pu annoncer que j'avais enfin observé le fameux problème. J'ai vu le sourire moqueur des prospecteurs; je les comprends. Je planifiais de le diagnostiquer dès le lendemain, car déjà, le soleil était déjà bas à l'horizon et je devais préparer mon équipement.

Diagnostiquer un altimètre U.H.F. loin de toute civilisation, en plein vol; pas évident. Je mesurais les signaux électriques à divers points des divers modules de l'altimètre, en plein vol, étant à quatre pattes à l'arrière de l'avion, concentré sur cet appareil maudit et mes instruments d'atelier, la peur au ventre. La gorge serrée, je demandais au pilote de monter brutalement d'altitude comme il le fait pour prospecter dans les montagnes. À cause de cette peur intense envahissante, ce vol cascadeur me causait des effets plutôt désagréables sur mon sexe. J'avais la phobie de l'altitude et la hantise de nombreuses turbulences, et surtout, j'avais la crainte d'échouer aux attentes de mon patron et des prospecteurs.

J'ai pu enfin identifier le problème durant ce vol, à la fin de la matinée. L'antenne était fissurée de l'intérieur; un défaut invisible. Cette fissure provoquait des coupures des contacts électriques avec les "oreilles" de l'antenne lorsque l'avion se mettait à vibrer intensément. Nous avions donc pu retourner au camp. Ayant déjà apporté une antenne U.H.F. supplémentaire, j'ai pu la remplacer sur place sous le regard du pilote. Nous avions repris le vol et testé le tout dans les mêmes conditions; le problème a magiquement disparu. On a, par la suite, immédiatement repris les vols de prospection. L'avion n'est retourné que tard dans la journée; c'était bon signe. Une fois l'avion amarré près de la rive, j'ai vu l'opérateur souriant; ç'a été pour moi son plus beau compliment.

J'ai ainsi durement appris ma leçon. Il faut bien comprendre les conditions extrêmes et les nombreux problèmes qu'un prospecteur doit rencontrer durant son travail. Pour cela, on l'accompagne pour quelques jours à son travail, on l'observe attentivement, on l'écoute activement avec tout le respect qui lui est dû. Les instruments qu'on lui livre doivent pouvoir survivre les mêmes conditions extrêmes, car il s'attend à ce que ses outils de travail performent sans faille durant toute la durée de sa mission.

J'ai dû attendre 4 autres journées avant qu'un avion puisse y arriver avec des provisions pour les prospecteurs puis me sortir de ce camp avec mon équipement. J'étais soulagé et j'ai appris tant de choses qui ne sont pas enseignées à l'université.

Voici une photo prise à travers un hublot de l'avion prospecteur survolant le camp de prospecteurs qui est isolé dans la région des Monts Otish. Au coin gauche en haut de la photo, on peut voir l'antenne UHF qui est installée sous l'aile de l'avion et qui sert comme sonde pour l'altimètre de précision monté à bord.

Voici une autre vue de ce camp de prospecteur. On peut voir, au coin droit de la partie inférieure de la photo, le rivage avoisinant ce camp. On peut deviner la présence de dizaines de barils d'essence en réserve pour l'avion prospecteur. Ces barils ont été livrés à ce camp, à l'aide d'un gros hydravion, un mois auparavant.

Voici l'avion dans lequel j'ai installé les divers instruments dans le but de prospecter de vastes territoires pour l'uranium, en vol. Cette photo a été prise sur le rivage qui est situé tout près du camp de protecteurs.

Une vue d'une partie du campement. On y trouve une cuisine et un "bureau" (à gauche) où on étudie les données recueillies et où on les transfère sur des cartes topographiques.

Cette aventure m'a certainement inspiré dans l'écriture et l'illustration de ma BD; vous en reconnaitrez des éléments de cette aventure en lisant ma BD.

 

Diverses photos reliées à mon expérience dans l'industrie d'exploitation minière

Élévateur d'une mine

Voici un élévateur typique d'une mine souterraine de métaux. Avec un tel élévateur, on peut relier des niveaux d'exploitation jusqu'à 1 ou même 2 km plus bas.

Visite d'une mine française de charbon

J'ai eu la chance de visiter une mine de charbon en France. Il n'était pas question d'amener un appareil photo, ni même une montre à pile. Ces objets représentent un risque de provoquer une explosion due à la présence potentielle de méthane en profondeur. La sécurité des mineurs est prise très sérieusement en France.

Visiter une telle mine, c'est presque visiter une autre planète. C'est si étrange et si dangereux. Dans une telle mine française, on contrôle l'affaissement d'un plafond rocheux de 1 km d'épaisseur, tout en creusant en dessous. C'est fascinant et effrayant.

Évaluation d'automatisation minière

Voici un chargeur-transporteur équipé d'un prototype de système d'autoguidage. On peut deviner la présence d'un guide optique suspendu au plafond et d'une caméra spéciale (un point lumineux à la droite du phare droit du véhicule (à gauche sur la photo). J'y ai participé sur l'aspect de la visionique de ce projet.

Voici un prototype d'un guide optique installé au plafond d'une galerie minière. On peut y voir la présence d'une bifurcation. Ce guide doit soutenir le souffle brutal d'explosifs qui sont utilisés pour fragmenter le minerai qui, par la suite, serait extrait à l'aide du chargeur-transporteur.

 

Diverses photos reliées à mon expérience dans l'industrie d'exploration minière

Test d'instruments géophysiques durant l'été

Avec un instrument de recherche (un instrument moins solide qu'un instrument de prospection), j'évaluais le potentiel d'ondes VLF* pour détecter la présence de métaux en profondeur avoisinant un trou de forage qui aurait manqué sa cible.

Cette photo donne une petite idée de certains de mes environnements de travail. Le jeune homme sur la photo est un étudiant universitaire en géophysique.

Note: On utilise les ondes VLF pour communiquer avec les sous-marins en plongée. Avec ces ondes, qui sont constamment présentes partout sur Terre, les géophysiciens peuvent sonder en profondeur pour la présence de métaux.

Test d'instruments géophysiques durant l'hiver

Avec un technicien, je teste une version prospecteur du même instrument illustré précédemment. Un tel instrument doit être fiable sous toutes les conditions. Mon premier test d'un tel type d'instrument consiste à le jeter par terre, le frapper du pied puis le faire débouler les escaliers. S'il fonctionne encore, je peux passer aux tests suivants. Je peux devenir gorille parfois.

 

 

Une ville minière

C'est une photo aérienne de la ville de Fermont qui est située près de la frontière séparant le Labrador du Québec. On peut deviner que c'est une ville minière qui est presque isolée du reste de la civilisation.

 

Le plus petit avion de prospection électromagnétique

Mon patron m'a demandé de développer un électromagnétomètre (un détecteur de métal) qui pouvait fonctionner en vol, à bord d'un petit avion monomoteur, un L19. Remarquez la présence d'un "bâton" au bout de chaque aile de l'avion; ce sont les antennes de l'électromagnétomètre. Ce type d'avion était utilisé durant la guerre du Vietnam aux fins d'espionnage et de surveillance. J'ai réussi ce défi, mais ç’a été assez difficile. Ainsi équipé, cet avion a été en service pour plusieurs années.

L'idée de mon patron était d'utiliser un tel équipement dans le but de guider RAPIDEMENT les travaux de prospection sur le sol. C'est un concept extraordinaire et nouveau, au moins à cette époque. Les autres avions qui étaient équipés d'un électromagnétomètre étaient plus gros, plus chers à opérer et répondaient seulement à une démarche stratégique d'une future campagne de prospection. Cet équipement-ci répond à une démarche tactique de la prospection en pleine campagne. Mon patron est un génie et un visionnaire; j'ai beaucoup appris de lui.

Note: J'évite de nommer les personnes et les compagnies pour qui j'ai travaillé. Je veux exprimer les émotions que j'ai ressenties durant ma carrière et qui m'ont encore influencé durant l'écriture et l'illustration de ma BD; ce n'est pas mon Curriculum Vitae.



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