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Je décris, ici, le processus que j'ai suivi afin de réaliser mon projet assez ambitieux de réciter une saga dans un style BD en 7 volumes, 364 pages en au moins 3000 tableaux. On peut s'y perdre facilement dans cette jungle de dessins, de textes, de symboles et j'en passe. Si vous prévoyez de réaliser un projet aussi ambitieux, je vous recommande de suivre un plan de travail et un plan d'organisation. Votre processus pourrait être différent, mais j'espère que ce qui suit vous inspirera à créer votre plan de travail et ainsi réaliser votre gros projet.
Au début de mon projet de BD, je travaillais avec Word97 et POSERv5. Avec Word, je précisais mon récit à partir d'un synopsis, puis je précisais les principaux événements de mon récit en actes pour ensuite découper ces actes en moments ou tableaux. À cette phase de ce projet, chaque tableau ne comprenait qu'une courte description. À cette étape, je divisais ce long scénario en 6 puis j'ai dû le rallonger en 7 volumes. Chaque volume devait contenir une suite d'événements qui continue à partir du volume précédent (sauf, naturellement pour le premier volume) et qui se termine en une conclusion satisfaisante. En même temps, je développais les objets virtuels et les marionnettes virtuelles de mes personnages à l'aide de POSER v5 et, au besoin, avec l'assistance d'Anim8or.
J'ai réalisé plusieurs études pour préciser les diverses caractéristiques de mes personnages (au moins 4000 images). J'ai ensuite créé plusieurs collections d'expressions, de postures, d'objets, de lieux, de véhicules, etc.
Par la suite, j'ai créé 7 structures de fichiers, chacune était réservée pour un des volumes de ma BD. J'avais déjà calculé que chaque volume comprendrait au moins 400 tableaux répartis sur 52 de ses pages. Dans chaque volume, j'ajouterai une page titre et 2 introductions. À partir de cette étape, j'ai décidé d'utiliser Word97 comme une base de données qui pouvait être lue comme un roman illustré et qui contiendra les images, les textes, des données de réglage et des pointeurs. Les pointeurs me permettront de retrouver les ressources pour insérer les diverses composantes du tableau (images, textes, symboles) au bon endroit à la bonne page du volume correspondant. Les réglages me permettront de créer les images requises aux bonnes dimensions pour les insérer dans chaque tableau.
À cette étape, je pouvais monter des scènes avec POSER v5 puis les sauvegarder en des fichiers de mise en scène. Chaque mise en scène comprenait UN lieu et un ensemble de personnages requis pour réaliser au moins un tableau. Normalement avec une mise en scène, je pouvais réaliser plusieurs tableaux de performances, dont chacun illustrerait des moments distincts qui se produiraient sur le même lieu et qui impliqueraient un sous-ensemble de ces personnages.
Au début, avec une telle mise en scène, je produisais des prototypes d'images pour les tableaux correspondants et j'insérais ces images ainsi que l'identification de leur source sur mon document que j'avais créé avec Word97. J'identifiais la source ainsi: pour chaque image de chaque tableau du récit, j'y inscris le numéro de son tableau de performance ainsi que le nom du fichier de mise en scène où se trouve ce tableau. Je montais, ainsi, un récit sous forme d'une suite linéaire de tableaux. À cette étape, aucun tableau n'était encore associé à une page de ma BD. À partir de ce document, je peaufinais mon récit en modifiant les textes, en indiquant les changements à faire sur les images, en ajoutant une liste de symboles appropriés pour chaque tableau et, au besoin, en insérant, en enlevant, ou en divisant des tableaux. Cela m'a permis de rendre le récit plus fluide et de préciser l'événement raconté. En regardant le prototype d'images correspondant au tableau, je réduisais le texte qui devenait redondant par rapport à ce qui était illustré.
Une fois que je suis satisfait de ce scénario, avec Draw de LibreOffice, je produis 52 pages vides contenant seulement un numéro de page et des lignes directrices pour placer les cadres qui contiendraient les tableaux. C'est une phase assez critique, car je dois diviser chacune de ces pages en un nombre suffisant de cadres de grandeur différentes pour contenir tous les éléments requis (images, textes, symboles) et au besoin, pour donner l'importance appropriée pour chaque tableau. C'est un beau casse-tête que je résous avec une suite de solutions approximatives que je réajuste au fur et à mesure que j'ajoute les divers éléments des tableaux n'utilisant que mes prototypes d'images. Rarement, je dois enlever des tableaux moins importants ou encore, comprimer 2 tableaux en une seule (comme "un cliché" au cinéma).
Une fois que j'ai trouvé une bonne solution, je reviens à mes fichiers de mise en scène avec POSERv5. Avec le document Word, je retrouve le nom du fichier de mise en scène et le numéro du tableau de performance qui correspond à une image du tableau du récit sur lequel je décide d'y travailler. Ensuite, avec POSER, j'accède à ce fichier à ce tableau de performance pour ajuster la camera, préciser les postures et les expressions des marionnettes de la scène et spécifier la grandeur de l'image à produire. Je m'assure que les parties importantes de cette image ainsi produite ne soient pas potentiellement obstruées par les textes et les symboles qui y seront aussi ajoutés dans ce même cadre.
Avec LibreOffice, j'insère cette image dans ce cadre et j'ajoute les textes et les symboles au besoin. C'est à ce moment que j'ajoute sur le document Word au tableau correspondant du récit, l'information sur le numéro de page et la position relative où se trouvera ce tableau dans le volume de ma BD. Je répète cela jusqu'à ce que je complète tous les cadres du volume, tout en m'assurant que tous mes tableaux ont été illustrés dans tous les cadres du volume et que la séquence des tableaux a été agencée sur les pages de manière déchiffrable.
J'obtiens ainsi un prototype de mon volume. Vient ensuite la phase d'édition. Je corrige les images et j'ajoute des détails comme des ombres, des effets ou de menus objets avec un éditeur d'images comme Paint.NET. De même, je révise mes textes pour corriger des erreurs grammaticales avec Antidote. et pour corriger toute incohérence, incongruité, contradictions, mauvais choix de mots, phrases ambiguës, etc. J'ajoute ou j'enlève quelques symboles pour donner un effet plus agréable. Encore là, pour m'y retrouver, j'ai constamment besoin de consulter le document Word correspondant.
Pour chaque volume, j'ai donc 52 pages réservés pour illustrer mon récit et je crée les pages qui complémentent le volume pour en faire un produit complet. Créer une BD nécessite donc beaucoup de planification si on veut créer un récit épique, cohérent, profond et qui émeut le lecteur. Comme vous voyez, ces étapes sont similaires aux étapes d'une production de film. Comme je l'ai mentionné au début, cette série de ma BD comprend au moins 3000 tableaux répartis sur 7 volumes dont le récit occupe 52 pages pour chacun.
Il y avait, peut-être, des logiciels qui font le tout, mais je ne crois pas qu'il y en avait un à cette époque (2004), et si oui, son coût aurait été prohibitif. Un autre point, les logiciels ont tendance à évoluer au point que les anciens fichiers deviennent inutilisables, particulièrement pour des fichiers aussi spécialisés que ça. Je tenais à travailler avec des formats qui demeureront stables pour au moins 10 ans et surtout travailler AVEC LES MÊMES VERSIONS des logiciels. Par exemple, j'utilise toujours la vieille version de POSER depuis 2004, car le style BD des nouvelles versions ont changé et cela aura été catastrophique pour ma BD. Depuis le début, 2 ordinateurs et 3 disques durs ont cessé de fonctionner par "mort subite". Heureusement, je sauvegardais régulièrement tous mes fichiers sur 2 disques durs cryptés: un qui demeure à la maison et un que j'emporte sur moi constamment. Je suis prêt pour les éventualités de vols, de feux et d'accidents; seule ma propre mort peut tuer mon projet.
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